Texte - 6 -
Je me demande bien pourquoi j'ai accepté ce séminaire rébarbatif à
Paris. Si ce n'était la perspective alléchante de "la soirée libre",
jamais je n'aurais accepté de suivre mes collègues dans ces sorties
toutes plus ennuyeuses les unes que les autres.
Déjà deux heures que
je suis dans ce musée à écouter les tirades insipides d'un guide fade.
Heureusement qu'on marche car sinon je finirais par m'endormir debout... J'ai bien essayé de me sauver en douce mais y'en a toujours un
pour me rattraper...
Dans ce mortel ennui, mon regard est subitement attiré
par une délicieuse jeune femme. Brune, élancée, elle évolue gracile au
milieu des tableaux. Elle avance, s'arrête et semble poser un regard
toujours neuf et innocent sur chaque peinture. Elle penche la tête d'une
façon adorable en faisant une moue dubitative à chaque arrêt. Je ne la
vois que de dos ou de trois quarts mais ce qu'elle me laisse voir d'elle
me trouble beaucoup. Elle est jeune, elle a l'air audacieux et mutin
et semble terriblement fragile en même temps. Je ressens à sa vue un
immense désir de la protéger, aussi je me demande bien
pourquoi pendant qu'elle observe ce tableau j'ai soudain l'envie de la
voir nue, immobilisée aux chevilles par des chaînes, en admiration
devant la femme nue et alanguie qu'elle contemple songeuse...
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( photo proposée par G. )