Texte - 3 -
Je cours, comme d'habitude je suis en retard, je vais encore finir par louper mon train. Je longe les wagons sur le quai. Enfin, j'arrive à la voiture 17. Je jette presque mon sac à l'intérieur et grimpe vivement les marches. Ouf, j'y suis, il ne peut plus rien m'arriver... J'avance dans le couloir à la recherche de ma place. Je choisis toujours le côté fenêtre pour pouvoir observer le paysage qui défile, toujours le même et pourtant si changeant au fil des saisons.
Je dérange mon voisin pour m'installer dans le fauteuil quand le train s'ébranle lentement. Ça fait du bien de pouvoir se poser plusieurs heures sans autre compagnie que mes pensées divaguantes. Je me cale dans le fond du dossier, branche mes écouteurs à mes oreilles puis ferme les yeux pour quelques minutes. Une douce torpeur m'envahit, bercée par le train, je finis par m'endormir.
Je suis réveillée par un coup de coude, je retire mes écouteurs et écoute mon voisin s'excuser pour ce geste indélicat. Je le regarde en souriant dans la pénombre qui règne dans le wagon. C'est un homme beau, il le sait, ses yeux clairs resplendissent sur sa peau dorée, il a une bouche gourmande dans laquelle je croquerais bien volontiers. Il se détourne de moi et ses longs doigts reprennent leur course effrénée sur le clavier de son ordinateur. Maintenant bien réveillée, je plonge la main dans mon sac et en sort le premier livre que je trouve. Guère concentrée, je tourne les pages, regarde les illustrations, lis quelques mots en diagonale. J'ai l'esprit ailleurs, peu de choses captent mon attention. Quand soudain, mes yeux se posent sur cette image, une femme bâillonnée est ligotée à un poteau. Je pose le livre ouvert tel quel sur mes genoux et me voici replongée aussitôt dans mes douces pensées. En effet, quelques heures auparavant, j'étais dans la même position, le bâillon mis à part... Il m'avait attachée ainsi, susurrant à mon oreille les doux sévices qu'il allait ensuite m'infliger. Je n'avais pas tardé à être très excitée tant par la position à cet instant que par les images folles qui traversaient mon esprit à toute allure. Et c'est précisément à ce moment là, que le rêve a fait place à la réalité, quand, au milieu des voyageurs endormis pour la plupart, j'ai senti une main se poser doucement sur ma cuisse et remonter lentement sous ma jupe. Je me suis détendue, j'ai souri laissant l'inconnu poursuivre sa douce inquisition.